Juste une chaussure

Juste une chaussure

Chacun a un jour rencontré cette forme de l’art où l’œuvre en elle même n’a pas d’importance, ce qui importe est ce qu’on dit d’elle, c’est le concept et la sacro-sainte démarche de l’artiste qui saurait tout justifier, c’est-à-dire que l’accent est mis sur les considérations dites artistiques et qu’on néglige celles d’ordre artisanal. La formation des artistes s’appauvrit de plus en plus et une nouvelle pédagogie les incite plus à vénérer l’art plutôt qu’à le comprendre. Cette nouvelle pédagogie a pris la célèbre phrase de Duchamp : « Quand je crache c’est de l’art » au premier degré et s’est mise à nous apprendre à cracher.


Le danger que cette attitude implique vis à vis du savoir-faire accumulé depuis des siècles est évident.


Quand je dirige un stage de formation d’acteur, j’ai parfois à faire à cette croyance chez les stagiaires et si je la détecte, je raconte alors une anecdote qui m’est arrivée :


« Je me promenais avec ma fille, alors âgée de trois ans, quand la pluie nous a poussés tous les deux vers un musée d’art contemporain.


Au cours de la visite, dérangé par quelque chose dans ma chaussure, je me suis arrêté ; j’ai ôté ma chaussure et découvert que ce qui me dérangeait se trouvait non pas dans la chaussure, mais dans ma chaussette. J’ai alors laissé la chaussure sur une petite barrière qui fermait vers une partie privée du musée pour ôter ma chaussette lorsque je découvre que ma fille a disparu. J’ai donc couru à sa recherche, abandonnant là mon soulier …


Ayant retrouvé l’enfant, je suis retourné à la salle où j’avais abandonné ma chaussure et j’ai trouvé quatre personnes en train de l’examiner attentivement.


Avec beaucoup de respect, je me suis avancé : « mes excuses, ceci n’est pas une œuvre d’art, … juste une chaussure. »


Je raconte cette anecdote pour rappeler qu’une chaussure reste une chaussure, et que nous avons un sérieux problème si nous pouvons la confondre avec de l’art. Il est extrêmement facile et confortable (pour moi aussi d’ailleurs) d’entrer dans cette dynamique qui encourage l’artiste à délaisser son statut d’artisan pour devenir un chaman ; elle transforme la création en « fétiche » et dépossède le spectateur de son esprit critique pour en faire un croyant.

La scène provoquée d'Alberto García


est publié dans sa collection Univers théâtral de la maison d’édition l’Harmattan.


« Le monde du théâtre a beaucoup changé durant ces quarante dernières années. L’influence de la télévision puis d’Internet, l’avènement de l’information-spectacle, le culte voué à la rentabilité, les valeurs éthiques en bouleversement ont beaucoup affecté les modes de création et de perception de l’art dramatique. Le théâtre use à tout-va de la provocation mais en fait, il a bel et bien rentré ses griffes depuis longtemps ».

Né à Barcelone et résident belge, Alberto García Sánchez est comédien, metteur en scène et auteur. Il travaille en Espagne, en Belgique, en France et en Allemagne.


Comme comédien

le prix du jury du meilleur comédien lui a été décerné par le journal allemand Stuttgarter Zeitung ;


Comme auteur

plusieurs de ses pièces ont été remarquées (Premier prix du festival d’Erfurt 2012 pour la pièce « Trois singes ») ;


Comme metteur en scène

son travail a été consacré par plusieurs récompenses, notamment le prix du ministère de la culture de Belgique dans le festival de Huy, et en 2011, un Molière lui a été décerné pour la pièce « Vy » de Michèle Nguyen.

 

Le parcours d’Alberto García 

débute à Barcelone où il  participe à la création de spectacles centrés sur le jeu du comédien, le contact direct avec le public et l’improvisation. Ces spectacles ont été joués dans toute l’Espagne et dans quelques pays d’amérique latine.


 

En 1991, il quitte Barcelone pour suivre la formation de l’Ecole Internationale de Théâtre Lassaad à Bruxelles. Il participe ensuite à de nombreuses créations dans les compagnies belges de La Sonnette, du Théâtre Attrape, du Praxis Théâtre, du Dolle Maandag et la Compagnie Lassaad. En 1995, il entre en contact avec la compagnie allemande Ensemble Materialtheater de Stuttgart avec qui participe à la création de plusieurs spectacles: « La Belle et la Bête », « Polar Poulet », « En attendant Bill Gates », « Solaris », « Passion des Moutons », …


 

A partir de 1996, outre son travail de comédien, il se lance dans la mise en scène, avec l’Ensemble Material Theater, la compagnie Le Chien Qui Tousse de Belgique (prix du ministre de la culture du festival d’Huy) et les projets internationaux « Le Cadeau » et « King Kongo » réalisés avec des comédiens d’Europe et de la République Démocratique du Congo, avec Michèle Nguyen pour plusieurs de ses spectacles Amadouce, Le vent n’est pas tout seul dans l’air, Vy (Molière 2011), ..etc, avec Nadine Walsh (Canada, Québec – Montréal) « Les femmes pirates », avec Ladji Diallo pour les spectacles « Ma vallée… » et « J’kiffe Antigone », avec Cécile Delhommeau « Au bord de la mare », avec Stéphanie Beneteau (Canada, Québec, Montréal) pour « Tristan et Iseut » et « Persée » …


 

En tant qu’auteur et metteur en scène Alberto García Sánchez produit  « Le Bruit », « Les 3 singes » (Prix du festival d’Erfurt en Allemagne), « Le jardin », « Le Cadeau », « King Kongo », l’adaptation du Petit Gris d’Elzbieta « Ernesto a un trou dans sa poche », …


 

Alberto García Sánchez entre en scène en solo avec  « Johan Padan à la découverte des Amériques » et « Mistero Buffo » de l’auteur italien Dario Fo et avec Machintruc.


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