Machintruc

MACHINTRUC


MACHINTRUC raconte la genèse de l’objet dans la vie des hommes.


Comique et philosophique, cette histoire traque la nature de notre relation avec les objets et offre une réflexion sur notre rapport à la consommation et au monde.


Le récit s’éloigne de la réalité pour mieux parler d’elle, c’est ainsi que tout commence dans un temps qui n’appartient pas à notre calendrier et dans une ville imaginaire nommée MACHINTRUC. Cette ville possède une particularité, on n’y trouve pas de choses, pas de trucs, pas d’objets. Jusqu’au jour où un Machintruquois sent le besoin de fabriquer quelque chose. Et voici le premier Truc créé.


Posséder un Truc est très excitant et une grande aventure commence où il est question de mouchoirs, de chaises, de tasses à café, de balais et des poubelles.


—Comment a-t-on pu vivre sans les choses ? —se demandent les Machintruquois.


Mais l’histoire ne peut s’arrêter là. Emportée par les ambitions, les rêves et les peurs des Machintruquois, elle prend un nouveau cours. La  roue tourne, les valeurs changent et, comme tout le monde le sait, toute nouvelle situation porte en elle la semence d’une nouvelle morale. A MACHINTRUC, ce qui était inacceptable, soudain, devient acceptable, l’intolérable devient tolérable et c’est ainsi que la révolte des choses gronde. 


MACHINTRUC, jongle avec l'absurde et le poétique, l'engagement et la légèreté, l'impertinence et la tendresse. L’histoire de cette ville imaginaire, peuplée de personnages décalés qui reflètent, à leur façon, notre quotidien, est une parabole moderne, une anamorphose lumineuse qui nous oblige à nous regarder autrement.


 


 

Spectacle accueilli en résidence de création par la Maison de l’Oralité et le Festival du Conte de Capbreton, et soutenu par MACS Communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud. Avec l'aide de l'Association Gustave. Je tiens à remercier Cécile Delhommeau, Carine Kasparian, Luigi Consalvo, Anne Boutin, Francis, Heinrich Hesse, Marie-José Germain, Ladji Diallo et Edith Michaelsen.


La Presse


Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue pour vous laisser le plaisir de découvrir par vous-même les multiples rebondissements d’un récit tout en finesse et en subtilité mené tambour battant par Alberto García Sánchez (ce spectacle est régulièrement repris sur scène à travers toute la France). Sachez juste qu’après avoir assisté à cette représentation, vous ne regarderez plus jamais du même œil les objets les plus banals qui vous entourent, une chaise, un stylo, une théière, une tasse, etc. Et que derrière ce conte en apparence simple et sans effet scénique, se cache une véritable réflexion sur notre rapport quotidien aux objets et sur la société de consommation (à outrance) dans laquelle nous vivons.












Par ailleurs, un autre aspect très séduisant de ce spectacle tient à sa grande inventivité en matière textuelle. Pas étonnant qu’il ait été conçu, comme indiqué sur son affiche, « en complicité avec Pépito Matéo » – un conteur dont le travail a déjà été évoqué à plusieurs reprises sur ce blog –, car on retrouve chez ces deux artistes une même passion de la langue française, un même amour des mots, et une même habileté à jouer avec eux pour donner une vision poétique du quotidien le plus banal. Cette façon bien à eux dont ils arrivent à imaginer des situations particulièrement loufoques et pittoresques à partir d’objets anodins, et à construire, rien qu’avec des paroles, tout un univers baroque et imaginaire, procure aux spectateurs une sensation de dépaysement très jouissive.


Cristina Marino, journaliste au Monde

« ...derrière ce conte en apparence simple et sans effet scénique, se cache une véritable réflexion sur notre rapport quotidien aux objets et sur la société de consommation »

Note d’intention

MACHINTRUC 



Il y a un parallélisme entre créer un spectacle et avoir un enfant. Dans les deux cas on décide d’en faire/avoir un et puis on met tout en œuvre pour que la conception, la naissance et le développement se passent dans les meilleures conditions. Mais, comme tout le monde le sait, des fois, les enfants viennent par accident.


MACHINTRUC est le fruit d’un accident. Une compagnie de théâtre m’avait proposé de faire la mise en scène d’un spectacle qui serait joué avec des objets de la vie quotidienne. Oui, d’accord, je leur ai dit, mais avez-vous une histoire ? Et la réponse fut « On en a pas, mais on trouvera quelque chose au cours des improvisations ». J’ai horreur de ces créations qui naviguent à la merci des improvisations ; ceux qui ont travaillé avec moi connaissent la grande importance que j’accorde à la dramaturgie. J’ai pris donc deux semaines pour tenter de chercher une histoire au service de laquelle on pourrait improviser, mais comme je n’en trouvais pas qui attirait mon attention, je me suis mis à l’écrire. Je ne savais pas par où commencer mais j’ai trouvé par où finir en m’inspirant de ces contes étiologiques que l’on trouve dans toutes les cultures et qui expliquent les phénomènes de la nature. Ce sont des contes qui nous disent pourquoi les girafes ont le cou long, pourquoi les cycles de la lune existent, pourquoi il y a le jour et la nuit, pourquoi il y a des hommes et des femmes, etc. Je cherchais donc un conte qui n’était pas encore écrit mais qui finissait par « et c’est pour cette raison qu’aujourd’hui les choses ne bougent plus ». Comme vous le voyez, la créature est même née par les pieds, car je commençais avec la fin de l’histoire et pour avancer, j’étais obligé de reculer vers le début en me disant, par exemple, que si les choses ne bougeaient plus, c’était parce qu’elles avaient bougé auparavant. Pourquoi elles ont arrêté de le faire ? Parce qu’elles étaient maltraités. Mais est-ce qu’avant cela elles avaient été aimées ? Oui, très aimées. Et c’est ainsi que de question en réponse je suis arrivé à Machintruc, ville imaginaire et sans objets, où un jour un Machintruquois eut l’idée de faire la première Chose.


Sur quatre pages l’enfant était né par les pieds, mais né tout de même. MACHINTRUC présentait cependant une petite faiblesse, celle de ne pas avoir de protagoniste. Le récit retrace l’histoire du peuple machintruquois, cependant, pour lui donner chair, il fallait absolument trouver deux ou trois personnages qu’ont retrouverait tout au long du récit. Une fois cela fait, Machintruc avait une structure dramaturgique solide qui lui permettait de se mettre debout et avancer. Vous m’excuserez de gâtifier en bon père, mais la créature était belle, elle avait beaucoup à dire et puis, surtout, elle avait toute la tête de son père, car si MACHINTRUC s’éloignait de la réalité, c’était pour mieux parler d’elle tout en restant très fidèle à mes propres inquiétudes sur la situation du monde. Si j’avais cherché à écrire une pièce pour dire tout ce que Machintruc raconte, je suis certain que je n’en aurais pas écrit une autre. C’est le hasard, dans l’urgence de dépanner une compagnie de théâtre, qui me l’a fait découvrir.


Il y a un passage de la mythologie grecque qui raconte que Méduse a le pouvoir de pétrifier celui qui la regarde. Persée parvient à la décapiter sans la regarder, ou plutôt en la regardant à travers le reflet de son bouclier. Il n’a pas été pétrifié parce que ce n’est pas Méduse qu’il a vue, mais sa représentation. Créer cette représentation est bien une de plus belles fonctions du théâtre. Notre monde change à une vitesse vertigineuse, si on le regarde directement il nous effraie et pétrifie avec ses rangées de dents numériques, il nous crache à la figure une consommation délirante qui a fait de l’être humain même une marchandise. MACHINTRUC, en bon bouclier, nous permet de regarder ce monde, de le comprendre et d’en rire sans pour autant succomber à la frayeur.


MACHINTRUC nous invite à partager une réflexion sur notre rapport aux « choses » et au monde. Pour ce faire j’ai choisi un langage théâtral sobre : une scène nue, une création lumière modulable et une chaise. Tout se passe dans cette capacité du spectateur à transformer les mots et les gestes en histoire : l’imagination.  Platon nommait la parole du conteur « les images parlées (Que c’est beau !) qui donnent l’illusion que ce qui est dit est vrai ». Le style du jongleur est le cinéma du pauvre, justement parce qu’il est seul avec sa voix et son corps, sans décor, ni costume, ni artifice qui puisse couper les ailes de l’image(ination) ; là est bien le trésor de l’art de l’interprétation, mais surtout de l’art d’être spectateur ; je n’arrêterai jamais de revendiquer le rôle du spectateur dans la création théâtrale car c’est lui, en chevalier solitaire, qui fait face au dragon de l’ennui pour obtenir droit de passage dans ce royaume où les extrêmes se touchent et où minimum de moyens rime avec (in)imaginables richesses.


Pépito Matéo


Conteur, comédien, auteur et formateur, Pepito Matéo trace son propre chemin dans la forêt de l'imaginaire contemporain, dans une recherche sur l'écriture orale et le jeu.


Dans les premières années de son parcours il se lance dans tous les rôles en découvrant Brecht, Vian, Ionesco, Adamov, Kafka, Artaud, Michaux, Dario Fo, etc. Il met de l’ordre dans ses rêves et trouve son propre chemin comme conteur en créant des spectacles issus de sa propre plume. Parallèlement il soutient une thèse de doctorat consacrée au conteur et au théâtre moderne et il devient chargé de cours à l’université de Paris VIII.


Depuis plus d’une vingtaine d’années il participe à tous les grands rendez-vous des arts de la parole, tant en France qu’à l’étranger. Il présente également ses spectacles en espagnol et publie des articles dans des revues françaises et étrangères.


Chef de file de la nouvelle génération des conteurs avec Yannick Jaulin et Abbi Patrix, Pepito Matéo aime brasser les remous de la vie contemporaine. (…) Matéo est un vrai parleur, enrobant, malin, mais c’est en même temps un étrange écrivain qui imbrique le fait vrai, la mythologie, la sociologie, l’attaque directe, le plaidoyer, l’anecdote joyeuse, la citation et la distorsion poétique.

Politis juillet 2006